Cette section est dédiée aux films documentaires et de fiction politiques. Notre sélection se base sur l’intérêt historique, esthétique et politique des films, que nous croyons à même de renforcer les imaginaires de lutte actuels. La catégorisation des films suit celle des archives numérisées. Au sein des catégories, les films sont classés par ordre alphabétique de réalisateurs et réalisatrices. Le cinéma autochtone possède sa propre section, car les réalités qu’il présente et les identités mises en jeu dans ces films transcendent les frontières coloniales. La liste ci-dessous rassemble majoritairement des films en libre accès avec l’accord, au meilleur de notre connaissance, des réalisatrices et réalisateurs. Pour les rares films qui ne sont pas disponibles en libre accès, nous renvoyons vers le meilleur moyen de les visionner à notre connaissance. On trouvera pour finir une section de ressources (coopératives d’artistes, banques de films engagés, etc.).
FILMS CANADIENS ET INTERNATIONAUX
BERTUCCELLI, Jean-Louis – Le droit à la ville (1974)

Dans le film Le droit à la ville, Jean-Louis Bertuccelli (1942-2014) laisse la parole au théoricien marxiste Henri Lefebvre (1901-1991), qui présente ses critiques concernant l’urbanisme autoritaire ainsi que ses propositions au sujet de nouvelles manières d’habiter les villes, voire de reconstruire celles-ci. Les propos du philosophe sont accompagnés de diverses images anciennes et plus récentes.
BRITTAIN, Donald – Bethune, héros de notre temps (1965)

Ce documentaire porte sur la vie et l’œuvre du médecin canadien Norman Bethune. Militant communiste, Bethune a mis ses connaissances médicales au service des classes populaires puis des mouvements révolutionnaires lors de la Guerre d’Espagne en 1936 puis en Chine en 1938.
CLARKE, Alan – Scum (1979)

Dans Scum, le réalisateur Alan Clarke (1935-1990) met en scène la vie de Carlin, Davis et Angel, trois jeunes délinquants enfermés dans une maison de correction dans l’Angleterre des années 1970. L’œuvre d’Alan Clarke porte un regard dur sur l’échec d’un système d’enfermement qui, loin d’améliorer la vie des individus, produit au contraire une violence sociale inouïe qui les détruit. Dans l’esprit des cultural studies, le réalisateur fait un travail de réflexion sociologique sur les conditions des classes populaires, afin de saisir les enjeux de domination pour mieux les dépasser. Le film comporte des scènes de violences très crues et n’est disponible qu’en anglais.
EISENSTEÏN, Sergueï – La grève (1924)

La grève est le premier long-métrage du grand réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein (1898-1948). Poussés à bout par des conditions de travail éreintantes, les ouvrier.ères d’une usine se préparent à faire la grève ; celle-ci sera réprimée dans le sang. Appliquant des principes socialistes au cinéma, le film prend pour protagoniste la collectivité des travailleurs et rejette la scénarisation hollywoodienne. Cette métaphore politique présente l’oppression subie par les ouvrier.ères, mais aussi (et surtout) leur pouvoir de transformer leur vie et le monde.
EISENSTEÏN, Sergueï – Le cuirassé Potemkine (1925)

Deuxième long-métrage de Sergueï Eisenstein (1898-1948), Le cuirassé Potemkine raconte la mutinerie de ce navire dans le port d’Odessa en 1905, ainsi que l’insurrection et la répression qui s’ensuivirent dans la ville. Considéré comme l’un des plus grands films de propagande de tous les temps, cette œuvre participe à la réinvention des codes cinématographiques d’un point de vue socialiste. Le film sera interdit de diffusion ou censuré dans plusieurs pays d’Europe lors de sa sortie.
EISENSTEÏN, Sergueï – Octobre (1927)

Réalisé par Sergueï Eisenstein (1898-1948), Octobre retrace avec un souci d’authenticité inouï la Révolution russe de 1917. Ce film, dernière oeuvre de la « trilogie » révolutionnaire (avec La grève, 1924 et Le cuirassé Potemkine, 1925) est truffé de symboles et de métaphores politiques. La majorité des rôles sont tenus par des non-professionnel.es, dans un souci d’effacement entre art et réalité. Le film poursuit donc la réflexion sur le langage et la pratique cinématographique entamée par le réalisateur en 1924.
GODARD, Jean-Luc — La Chinoise (1967)

Une cellule maoïste de cinq membres passe des vacances d’été dans un appartement parisien pour discuter de la révolution culturelle chinoise et préparer un assassinat. Jean-Luc Godard (né en 1930), réalisateur socialiste et représentant important de la Nouvelle Vague, nous présente une fiction politique qui porte un regard critique mais camarade sur la mouvance maoïste en France au tournant de 1968.
GOUPIL, Romain – Mourir à trente ans (1982)

Mourir à trente ans est un documentaire autobiographique réalisé par Romain Goupil. Le réalisateur narre son expérience militante au sein des Comité d’action des lycéens (CAL) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), puis dans sa lutte contre l’extrême-droite. Le film porte un regard approfondi et intime sur la scène politique française des décennies 1960 et 1970.
GUILLEMIN, Henri – La Commune de Paris (présenté par Henri Guillemin) (1971)

Ces treize conférences télévisées présentées par l’historien Henri Guillemin relatent l’histoire de la Commune de Paris. Les premiers épisodes offrent une mise en contexte permettant de comprendre les raisons de l’émergence de la Commune, alors que la deuxième moitié de la série relate en détail le déroulement des évènements. Une série très instructive et fascinante !
Ian B. – À nos corps défendants (2020)

À nos corps défendants est un documentaire sur les violences policières en France. Il est réalisé par Ian B. du collectif Désarmons-les !, qui se consacre à la lutte contre l’institution policière et l’ordre social qu’elle protège. À travers les témoignages des premier.es concerné.es, le documentaire rend compte de la violence d’état dans les quartiers populaires et du continuum colonial dont ses habitant.es font les frais. Le film rend aussi – et surtout – compte des luttes pour leur dignité que mènent partout en France les opprimé.es contre l’état et ses agent.es.
IVENS, Joris et Marceline LORIDAN-IVENS – Comment Yukong déplaça les montagnes (1976)

Comment Yukong déplaça les montagnes est une série de quatorze court-métrages documentaires, tournés entre 1972 et 1974 en République populaire de Chine. Du village de pêcheurs à la caserne militaire, en passant par la cour de récréation d’un lycée, les court-métrages présentent le quotidien et les réflexions d’ouvrier.ères, de paysan.nes, de citadin.es, d’intellectuels ou d’artistes, interrogé.es par les réalisateur.trices. Le film complet, qui dure 12 heures, constitue un impressionnant témoignage historique sur la Chine au moment de la Révolution culturelle.
KLEIN, William – Eldridge Cleaver, Black Panther (1969)

Dans ce documentaire, réalisé en Algérie en 1969, William Klein interroge le leader du Black Panther Party Eldridge Cleaver pendant son exil. Les questions de violence, de solidarité, de ruptures politiques et de stratégie de lutte sont abordées par Cleaver.
LEE, Spike – Do the Right Thing (1989)

Do the Right Thing met en scène les tensions raciales dans le quartier pauvre de Brooklyn, à New York, et permet à Spike Lee (né en 1957) de présenter sa réflexion sur les possibilités de libération pour les Afro-Américain.es. Le film explore les forces et les faiblesses du pacifisme et de la violence politique dans une opposition (peut-être seulement apparente) entre les pratiques préconisées par Martin Luther King Jr. et Malcolm X. Le film n’est pas disponible en libre accès.
LEE, Spike – Malcolm X (1992)

Le film le plus célèbre du réalisateur Spike Lee, Malcolm X, présente la vie de ce grand révolutionnaire afro-américain. Le réalisateur suit au plus près le récit autobiographique de Malcolm X, raconté tel une histoire de rédemption et de sacrifice : sa jeunesse criminelle, son incarcération, sa découverte en prison de la Nation of Islam et d’Elijah Muhammad, sa carrière de porte-parole de la Nation, son pèlerinage à La Mecque et enfin son assassinat en 1965. Le film n’est pas en libre accès et peut difficilement être trouvé sur internet ici.
LEE, Spike — BlacKkKlansman (2018)

Dans ce film, Spike Lee prend prétexte d’une intrigue policière étonnante – l’infiltration du Ku Klux Klan par un policier noir en 1978 – afin de mener une nouvelle réflexion sur la structure raciste des États-Unis ainsi que sur le pouvoir noir. Lee propose une généalogie du racisme américain pour expliquer l’actuelle recrudescence du fascisme tout en mettant en scène l’histoire du Black Power et de ses grand.es protagonistes (les vrai.es héroïnes et héros du film). Il en profite aussi pour habilement déconstruire la fausse équivalence que certain.es font encore malheureusement entre « pouvoir noir » et « pouvoir blanc ».
LORIDAN-IVENS, Marceline et Jean-Pierre SERGENT – Algérie, année zéro (1962)

Tourné à l’été et à l’automne 1962, le documentaire Algérie, année zéro nous présente les premières images d’une Algérie indépendante, alors que le pays est en pleine reconstruction. Ce documentaire cherche à montrer comment le peuple algérien, après avoir subi une dure guerre de libération nationale (1954-1962), travaille à bâtir un pays nouveau.
TOURNANTS DE L’HISTOIRE – En chemin vers Ottawa

Ce documentaire relate « La marche sur Ottawa », une action menée par des chômeurs canadiens dans le contexte de la crise économique des années 1930. Parqués dans des camps de travail et soumis à des conditions de vie insupportables, les chômeurs sont ignorés dans leurs revendications par le gouvernement. À l’été 1935, plusieurs milliers d’entre eux, avec l’aide de la Ligue d’unité ouvrière, se rendent en masse par train à Ottawa. À Régina, la GRC, sous les ordres du premier ministre Bennett, arrête les meneurs de la grève, ce qui donne lieu à l’émeute de Régina le 1er juillet 1935.
MARKER, Chris — La sixième face du Pentagone (1967)

Chris Marker (1921-2012) produit en 1967 ce remarquable film présentant la marche sur le Pentagone, qui rassemble plus de cent mille personnes. Organisée en octobre de la même année par la jeunesse américaine opposée à la guerre du Vietnam, cet événement constitue un des points tournants des luttes sociales aux États-Unis.
MARKER, Chris — Le fond de l’air est rouge (1977)

À l’aide de documents d’archives et de commentaires en voix hors-champ, Chris Marker (1921-2012) retrace dix ans de militantisme révolutionnaire, de 1967 à 1977. Le film présente des images, certaines devenues cultes, de la guerre du Viêt-Nam, des discours de Fidel Castro, de la mort de Che Guevara ou encore du printemps de Prague.
MARKER, Chris et al. – Loin du Vietnam (1967)

Loin du Vietnam est un documentaire co-réalisé par Chris Marker, Jean-Luc Godard, Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Alain Resnais et Agnès Varda en 1967. Dans ce film divisé en onze chapitres, le collectif de cinéastes dénonce à l’intervention américaine dans le conflit au Vietnam. Le prologue définit la guerre du Vietnam comme une lutte des riches contre les pauvres, une guerre contre le Tiers-monde révolutionnaire. Les cinéastes placent la société des riches devant un choix crucial : arrêter la guerre et opérer une transformation sociale ou continuer cette guerre inique et la perdre.
MURRAY, Jenny – ¡ Las Sandinistas ! (2018)

¡ Las Sandinistas ! met en scène l’histoire des femmes qui ont mené la lutte armée durant la révolution sandiniste de 1979 au Nicaragua, puis combattu l’intervention impérialiste des contras soutenue par les États-Unis dans les années suivantes. Le documentaire expose un moment décisif de l’histoire où des milliers de femmes ont transformé la définition de la féminité et du leadership dans la société avant de faire face à une nouvelle marginalisation par leurs pairs masculins après la fin des guerres. [Description adaptée du résumé du film]. La version disponible est sous-titrée en anglais seulement.
PETRI, Elio – La classe ouvrière va au paradis (1971)

Dans La classe ouvrière va au paradis, le réalisateur de tendance communiste Elio Petri (1929-1982) raconte l’histoire de Lulu Massa, un ouvrier modèle qui fait preuve de zèle au travail, méprisant les revendications de ses collègues et suscitant l’antipathie de ceux-ci en retour. Mais, alors qu’il est victime d’un accident de travail et que les autres ouvriers se mettent en grève en preuve de solidarité, Lulu vit une profonde remise en question. Un film didactique, qui traite avec humour et lucidité le thème de la mobilisation ouvrière.
PONTECORVO, Gillo — La bataille d’Alger (1966)

Réalisé par Gillo Pontecorvo (1919-2006), La bataille d’Alger reconstitue les événements survenus dans la capitale algérienne – alors colonisée par la France – entre novembre 1954 et décembre 1957, durant la première phase de la guerre d’indépendance. Le film retrace le parcours d’Ali la Pointe, l’un des chefs militaires du Front de Libération Nationale (FLN), de son passé de délinquant jusqu’à son assassinat par les forces armées françaises. S’il narre une défaite, le film reste pourtant un vibrant hommage aux martyr.es de la Révolution algérienne.
REGGIO, Godfrey — Koyaanisqatsi (1982)

Le cinéaste américain Godfrey Reggio (né en 1940) produit ce manifeste expérimental en 1982. Koyaanisqatsi (« vie déséquilibrée ») présente un collage d’images et de plans dénonçant radicalement la destruction écologique et la destruction psychologique des humain.es que cause la société technique du capitalisme avancé.
VARDA, Agnès — Black Panthers (1970)

Black Panthers est un court-métrage documentaire réalisé en 1968 par Agnès Varda (1926-2019). Le film, tourné à Oakland alors que le mouvement d’appui à la libération du cofondateur du Black Panther Party Huey P. Newton bat son plein, permet, pour une rare fois, d’entendre les grandes figures du mouvement du Black Power telles que Stokely Carmichael, Kathleen Cleaver, Eldridge Cleaver et Newton lui-même. C’est ce court-métrage de Varda qui fera d’abord connaître le Black Panther Party en Europe.
VERTOV, Dziga — L’Homme à la caméra (1929)

Dziga Vertov (1896-1954), cinéaste russe d’avant-garde, tourne L’Homme à la caméra en 1929. Le film, qui repose sur le quotidien des citoyen.nes de l’état soviétique naissant (leur travail, leurs loisirs, la ville qu’il.les habitent) cherche à créer un langage cinématographique original. Vertov veut ainsi aider le développement du monde nouveau, qui a besoin d’un nouveau langage pour se concevoir et s’exprimer. Le film est un des chefs-d’œuvre du cinéma expérimental.
WEISSMAN, Aerlyn et Lynne FERNIE – Amours interdites : au-delà des préjugés, vies et paroles de lesbiennes (1992)

Ce documentaire retrace l’histoire et les expériences de femmes queer et lesbiennes canadiennes au milieu du XXe siècle. Le long-métrage mélange entrevues, images d’archives et récits fictifs, dont le style rappelle les romans « pulp » des années 1950. La version originale du documentaire Forbidden Love: The Unashamed Stories of Lesbian Lives est disponible sur le site de l’ONF. Nous proposons la version sous-titrée en français.
FILMS QUÉBÉCOIS
ARCAND, Denys — On est au coton (1970)

Denys Arcand (né en 1941) tourne ce documentaire sur les conditions de travail dans l’industrie du textile au Québec en 1970. D’abord interdit, le film est diffusé dans une version censurée en 1976. Il faut attendre 2004 pour voir enfin la version complète. Le film met en lumière la vie quotidienne des ouvrier.ères et leurs pénibles conditions de travail, mais aussi les grèves, l’organisation syndicale et les luttes qu’il.les mènent pour améliorer leurs conditions.
BRAULT, Michel et Pierre PERRAULT – L’Acadie, l’Acadie ?!? (1971)

Ce documentaire explore les luttes étudiantes, linguistiques et économiques des Acadien.nes, révélant en filigrane la domination culturelle et politique subie par ce peuple. Après une première grève, les étudiant.es de l’Université de Moncton (francophone) en viennent à remettre en cause l’exploitation de leur nation et à prôner une transformation radicale, « une révolution en vue d’atteindre quelque chose de beaucoup plus humain ». La réalité de la lutte s’avère heureuse et difficile à la fois.
BRAULT, Michel — Les Ordres (1974)

Les Ordres est réalisé par Michel Brault (1928-2013) quatre ans après l’application, au Québec, de la Loi sur les mesures de guerre par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau au moment de la crise d’Octobre. Basé sur les témoignages d’une cinquantaine de personnes emprisonnées en 1970, le film montre l’impact de la violence d’état et des détentions arbitraires sur les travailleur.euses et les militant.es, ainsi que sur leurs familles. Le film, épuré, exprime par ailleurs tout ce que la machine d’état peut produire comme terreur sur un peuple.
BROUILLETTE, Richard — L’Encerclement (2008)

Richard Brouillette (né en 1970) est un réalisateur montréalais critique du capitalisme. À travers les réflexions et les analyses de plusieurs intellectuels de renom, il trace, dans ce documentaire, un portrait de l’histoire et de l’idéologie néolibérale, examinant les différents mécanismes mis à l’œuvre pour en imposer mondialement les diktats. La dénonciation de ce système est crue et sans appel.
BULBULIAN, Maurice — La P’tite Bourgogne (1968)

Maurice Bulbulian (né en 1938) documente la lutte des résident.es de la Petite-Bourgogne, à Montréal, contre la destruction de leur quartier. Évincé.es de leurs logements en 1967 pour laisser la place aux grands projets de « modernisation » de la ville, les familles de la Petite-Bourgogne s’organisent pour faire respecter leurs droits, notamment dans le cadre du comité des îlots Saint-Martin. Un film toujours d’actualité.
GROULX, Gilles — 24 heures ou plus (1977)

Gilles Groulx (1931-1994) tourne ce documentaire politique radical sur la société québécoise en 1971 et le complète à la mi-janvier 1973. Censuré par l’ONF, le film ne sortira qu’en 1977. Tourné un an seulement après les événements d’octobre 1970, alors que le Québec est encore en ébullition, le film dénonce l’aliénation des masses et constitue un réel manifeste pour la révolution.
GROULX, Sylvie et Francine ALLAIRE – Le grand remue-ménage (1978)

Sylvie Groulx (née en 1953) et Francine Allaire (née en 1955) présentent dans ce film un portrait incisif de la socialisation de genre ainsi que des rôles masculins et féminins qui en découlent, tels que vécus dans la société québécoise de la fin des années 1970. Le grand remue-ménage est un film résolument féministe qui met en lumière les stéréotypes et l’éducation genrée afin de mieux les combattre.
GUILBEAULT, Luce, BROSSARD, Nicole et Margaret WESCOTT – Quelques féministes américaines (1978)

Dans ce documentaire, Luce Guilbeault (1935-1991) mène des entrevues avec plusieurs autrices, artistes, militantes et théoriciennes féministes américaines (Rita Mae Brown, Margo Jefferson, Kate Millett, Lila Karp, Ti-Grace Atkinson et Betty Friedan) afin de connaître leurs expériences, leur pensée et leur vision de la libération des femmes. Un important document pour comprendre le féminisme radical des années 1970.
HAREL, Pierre et Pascal GÉLINAS — Taire des hommes (1968)

Lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste du 24 juin 1968, des militant.es indépendantistes attaquent la tribune où est assis Pierre Elliott Trudeau, présence perçue comme une insulte. Durant la soirée, la police réprime violemment les manifestant.es et arrête plus de 300 personnes. Cet épisode historique est appelé le « Lundi de la matraque ». Ce court documentaire capte les témoignages des « matraqué.es » sur ce qu’ils et elles ont subi lors de la manifestation et de leur détention, tout en dénonçant la brutalité policière à l’encontre des mouvements indépendantistes québécois.
On croise dans le film (entre autres) Paul Rose et Jacques Lanctôt, dirigeants du FLQ pendant les événements d’Octobre 1970, Reggie Chartrand, co-fondateur des Chevaliers de l’indépendance et du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), ainsi que Jacques Couture, rédacteur du journal l’Opinion ouvrière.
LAFOND, Jean-Daniel — La liberté en colère (1994)

« Le FLQ, c’était le Québec aux travailleurs québécois, c’était pas rien que le Québec nationaliste. » Ce film documentaire nous entraîne dans une discussion animée entre Charles Gagnon, Pierre Vallières, Francis Simard et Robert Comeau. Les militants revisitent leur parcours politique et, ce faisant, les choix qui les ont opposés. À travers leurs discussions, c’est l’histoire du FLQ, le rejet ou l’adoption par une partie de la gauche du Parti Québécois, le tournant marxiste-léniniste et la morosité des décennies 1980-1990 qu’on revisite avec eux. Un documentaire touchant, éclairant, et qui nous fait voir l’état d’esprit de ces quatre hommes dans le Québec néolibéral de 1994.
LEDUC, Jacques — Cap d’espoir (1969)

Dans Cap d’espoir, Jacques Leduc explore les questionnements de la jeunesse québécoise liée à la contre-culture. Par l’entremise d’un narrateur principal, le film élabore une réflexion critique sur les structures capitalistes (surtout culturelles), en employant des procédés cinématographiques inspirés de ceux de la Nouvelle Vague. Cap d’espoir n’a été présenté en salles qu’en 1975 en raison de sa morale révolutionnaire.
MELANÇON, André – Charles Gagnon (1970)

Ce documentaire est réalisé en 1970 par André Melançon (1942-2016) au moment où le militant politique Charles Gagnon (1939-2005) sort de prison. Gagnon, animateur de la revue Révolution Québécoise puis membre le réseau clandestin du Front de libération du Québec (FLQ) avec Pierre Vallières, y expose ses idées, notamment internationalistes et révolutionnaires. On visionnera aussi avec émotion le film-hommage à Charles Gagnon, produit après sont décès, qui retrace le parcours de ce militant originaire du Bic, de son engagement dans le FLQ à son action dans le mouvement marxiste-léniniste, jusqu’à son tournant humaniste, à la fin de sa vie.
POITRAS, Diane et Serge TROTTIER — Commonwealth-Plywood : la bataille s’enligne sur nous autres (1978)

Ce film présente, par une série d’entrevues, la grève de 1977 à la Commonwealth-Plywood (située à Sainte-Thérèse). Les actions des patrons et du gouvernement complice visant à nuire à l’organisation syndicale puis à briser le mouvement de débrayage y sont dénoncées par les ouvrières et les ouvriers eux-mêmes. Le documentaire met de plus en cause la justice bourgeoisie qui favorise le patronat et les briseurs de grève dans ce qui prend l’aspect d’un manifeste en faveur des travailleurs et contre le régime d’exploitation capitaliste.
Le film est disponible en location sur le site de Vidéographe.
SHUM, Mina — Neuvième étage (2015)

Dans Ninth Floor, la réalisatrice Mina Shum (née en 1966) retrace l’histoire de « l’affaire Sir-George-Williams » qui a vu plus de 200 étudiant.es occuper le 9e étage du pavillon Henry F. Hall de l’Université Sir-George-Williams (maintenant l’Université Concordia) à Montréal en 1969. Ces étudiant.es contestaient le racisme sévissant à l’université, illustré (entre autres) par le refus du rectorat de traiter une plainte pour racisme déposée plusieurs mois auparavant par six étudiant.es antillais.es.
SPRY, Robin — Les événements d’octobre 1970 (1974)

Ce documentaire réalisé par Robin Spry (1939-2005) retrace les événements ayant mené à la crise d’Octobre en 1970. Ni complaisant, ni malveillant envers les nationalistes québécois et les actions du Front de Libération du Québec (FLQ), le film offre une mise en contexte politique et événementielle puis présente l’onde de choc causée par les actions du FLQ. Les entrevues longues avec des politiciens liés de près à la Crise sont un des intérêts majeurs de ce documentaire.
FILMS AUTOCHTONES
DEFALCO, Martin et DUNN, Willie — La face cachée des transactions (1972)

La face cachée des transactions est un docu-manifeste critique produit à l’occasion du 300e anniversaire de la fondation de la Compagnie de la Baie d’Hudson (aujourd’hui La Baie). Narré par le célèbre militant George Manuel, alors chef de la Fraternité des Indiens du Canada, le film expose avec force l’essence coloniale du Canada ainsi que des compagnies telle que La Baie.
MITCHELL, Michael Kanentakeron — You Are on Indian Land (1969)

Lorsque les autorités canadiennes décident d’imposer aux Kanien’kéhaka (Mohawks) d’Akwesasne des taxes sur leurs achats effectués aux États-Unis – contrairement à ce qui avait été établi par le Jay Treaty de 1794 –, ceux-ci décident de bloquer le pont international entre l’Ontario et l’État de New York. Michael Kanentakeron Mitchell relate cette lutte dans le documentaire You are on Indian Land.
OBOMSAWIN, Alanis — Les événements de Restigouche (1984)

Alanis Obomsawin (née en 1932) présente, dans son film Les évènements de Restigouche, la lutte des Mi’kmaq pour la reconnaissance de leurs droits de pêche ancestraux ainsi que l’assaut de plus de 400 policiers de la Sûreté du Québec sur la réserve de Listuguj, en réponse à leurs demandes. Cette attaque, commandée par le Parti Québécois de René Lévesque, témoigne de la violence de son gouvernement à l’encontre des peuples autochtones et de leurs revendications légitimes.
OBOMSAWIN, Alanis — Kanehsatake, 270 ans de résistance (1993)

Alanis Obomsawin nous fait voir, dans ce documentaire, les 78 jours de la « Crise d’Oka ». Le film expose tour à tour l’histoire du vol des territoires mohawks par les colonisateurs, les résistances autochtones au colonialisme, la « Crise d’Oka » et ses suites immédiates, notamment politiques et juridiques.
RESSOURCES
Anarchist Film Archive
Militant anarchiste, journaliste et éditeur, Stuart Christie (1946-2020) a rassemblé, des années 1990 à son décès, la plus grande collection de films anarchistes en libre accès au monde. L’Anarchist Film Archive regroupe plus de mille films, documentaires, entrevues et vidéos, dont beaucoup sont rares et quasi-impossibles à trouver autrement. Les films sont principalement en anglais, espagnol et français.
Base de données sur les réalisatrices canadiennes
« La Base de données sur les réalisatrices canadiennes est un outil de recherche bilingue qui contient des bibliographies, des filmographies, des citations et autres informations sur les réalisatrices canadiennes et sur leurs films. »
Cinéma Libre
Le collectif Cinéma Libre est fondé en 1977 par des cinéastes engagé.es qui souhaitent promouvoir les productions cinématographiques québécoises. Au cours de son histoire, Cinéma Libre produit de nombreux films sociaux et politiques, par exemple L’eau chaude, l’eau frette (André Forcier, 1976) et Le grand remue-ménage (Sylvie Groulx et Francine Allaire, 1978). Bien que le collectif n’existe plus depuis le milieu des années 2000, on peut consulter une sélection de son ancien catalogue ici. Une partie des films de ce catalogue a été repris par les Films du 3 Mars, qui les distribue dorénavant. On lira enfin avec plaisir cette entrevue réalisée en 1986 avec certains membres de Cinéma Libre.
Groupe Intervention Vidéo (GIV)
« Fondé en 1975 à Montréal, le Groupe Intervention Vidéo (GIV) fait partie des rares centres qui, de par le monde, se consacrent à la mise en valeur d’œuvres réalisées par des femmes en les distribuant et les diffusant tout en en soutenant activement la production. Son catalogue de distribution comprend actuellement 1600 œuvres regroupant le travail de 370 artistes. »
Projet Ferrisson
Le projet Ferrisson vise à présenter « la mémoire progressiste du Québec telle que racontée par ses acteurs et actrices ». Sous la forme de capsules vidéos, on y propose des entrevues avec des militant.es syndicaux.ales, des artistes engagé.es, des militant.es communautaires, des activistes, etc. Commandité par les grands syndicats québécois (FTQ, CSN, CSQ), le projet assume une position ouvertement réformiste.
Vidéographe
Vidéographe est un centre d’artistes fondé en 1971. Il se consacre à la recherche et à la diffusion de documents visuels (films, vidéos, projets expérimentaux, etc.). Vidéographe est le plus ancien centre d’artistes en vidéo au Québec et participe encore à ce jour à la production ainsi qu’à la diffusion de documents audiovisuels de qualité. Le cente s’intéresse explicitement à la portée politique de l’image. Les productions, disponibles en ligne, sont le plus souvent payantes.