IDEOLOGY OF THE YOUNG LORDS PARTY – 1972

Les Young Lords (plus tard Young Lords Organization et Young Lords Party) est une organisation révolutionnaire composée de Porto-Ricain.es, principalement active à Chicago et à New York. D’abord un gang de rue de Chicago, créé en 1959 pour se défendre contre les gangs blancs, le groupe se politisera suite à deux événements importants. L’emprisonnement de son leader Jose Cha Cha Jimenez amène celui-ci à rencontrer le futur leader du Black Panther Party Fred Hampton en prison. Jimenez devient, sous l’influence de Hampton, un révolutionnaire. Ensuite, les émeutes de Division Street, qui se déroulent à de Chicago en 1966 poussent d’autres jeunes Porto-Ricains de son gang à se politiser, notamment contre la police raciste et les plans d’urbanisme anti-pauvres.

Jose Cha Cha Jimenez

En 1968, Jimenez et ses camarades fondent officiellement la Young Lords Organization. L’organisation s’inspire des mouvements anti-impérialistes et de la pensée décoloniale. Les Young Lords s’identifient particulièrement à ces tendances en vertu du racisme vécu par population latino-américaine aux États-Unis et de l’oppression coloniale subie par Porto-Rico. Le groupe militera d’ailleurs toujours contre le colonialisme intérieur américain et pour l’indépendance totale de Porto-Rico. En 1969, les Young Lords s’agrandissent et une section est fondée à New-York (le Young Lords Party). Toujours proches du BPP, les Young Lords rejoignent la Rainbow Coalition, organisation nationale révolutionnaire qui rallie les groupes en lutte aux États-Unis (le BPP, les Young Lords, la Young Patriots Organization, les Brown Berets, Rising Up Angry, etc.).

Les Young Lords concentrent leur travail politique sur leur quartier. Il.les luttent contre l’expropriation des familles porto-ricaines paupérisées et la violence policière. Comme le BPP, leurs militant.es pratiquent l’éducation populaire et la distribution alimentaire dans les quartiers. Alors qu’à New York la ville laisse s’entasser les ordures dans East Harlem, les Young Lords organisent le ramassage volontaire des déchets pour la population. En 1970, à Harlem, ils et elles s’emparent d’un camion à rayons X pour la détection de la tuberculose, un service qui sera dorénavant offert 7 jours sur 7. Tout comme le BPP, les Young Lords se prévalent aussi de leur droit à porter des armes, pour leur défense…

Les Young Lords se démarquent des autres groupes révolutionnaires de la même époque par leurs positions pro-féministes et pro-gais. Alors que plusieurs organisations font preuve d’un machisme peu compatible avec les principes égalitaires révolutionnaires, les Young Lords prennent des mesures organisationnelles pour instaurer une égalité en pratique entre les hommes et les femmes, et pour intégrer les les personnes marginalisées en raison de leur orientation sexuelle à leur mouvement. Deux femmes siègent au comité central (Denise Oliver et Gloria Gonzalez) et le parti se lie officiellement au Gay Liberation Front. Des comités non-mixtes existent au sein de l’organisation ; pour les femmes, comme lieu d’auto-éducation et d’auto-organisation afin de se libérer des structures sexistes et genrées, et pour les hommes, afin qu’ils prennent du temps pour réfléchir à leurs comportements machistes et dominants, dans le but de les changer.

Les Young Lords rencontrent plusieurs difficultés au tournant des années 1970. La section de New-York se sépare du reste du mouvement ; mais c’est surtout la très violente répression subie par les Young Lords qui les détruit. Les arrestations et les meurtres sont nombreux. Si certain.es militant.es se retirent, d’autres évoluent vers des groupes plus offensifs. Pour eux et elles, la séquence « communautaire » est terminée. Face aux attaques de l’état, la lutte armée s’impose, notamment au sein du Puerto Rican Revolutionary Workers Party. Une évolution semblable à celle des membres du Black Panther Party vers la Black Liberation Army…

Nous déposons ici le texte programmatique de la section new-yorkaise (Young Lords Party), de tendance marxiste-léniniste : Ideology of the Young Lords Party (en anglais, 1972 ; rédigé en février 1971). Le journal Palante, la publication du Young Lords Party, est aussi disponible en ligne.

Une première monographie est parue en français sur les Young Lords : Young Lords. Histoire des Black Panthers latinos (1969-1976). On pourra en lire quelques extraits sur lundi.am. En anglais, on lira avec intérêt l’ouvrage d’Iris Morales Through the Eyes of Rebel Women: The Young Lords, 1969-1976. L’ancienne militante du Young Lords Party nous parle, dans cette entrevue, du rôle moteur qu’ont joué les femmes au sein de l’organisation. Une entrevue sur le même sujet est aussi disponible en français.

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