LA LUTTE DES TRAVAILLEURS HAITIENS – avril 1975

Nous présentons ici un article paru en avril 1975 dans la revue militante Mobilisation[1] qui donne la parole au Comité de défense des droits des travailleurs haïtiens (CDDTH). Cette organisation révolutionnaire, active au Québec de 1972 à 1975, publiait aussi son propre journal Haïti Nouvelle. L’image en couverture de cet article est tirée du numéro d’août 1975 de ce journal.

En 1957, François Duvalier accède à la présidence d’Haïti et instaure un régime dictatorial poursuivi par son fils, Jean-Claude Duvalier, qui lui succède en 1971. Le régime, profondément anticommuniste et inféodé aux États-Unis, est marqué par la corruption et la terreur qu’il fait régner grâce à une milice privée, les tontons macoutes. Pour cette raison, nombre d’Haïtien-ne-s doivent fuir leur pays, en immigrant notamment à Montréal. Une première vague migratoire (années 1960) comprend principalement des intellectuel-le-s communistes et engagé-e-s, alors qu’une seconde vague (années 1970) se compose plutôt de prolétaires, dont plusieurs sont aussi politisé-e-s et qui cherchent à échapper aux conditions économiques désastreuses de leur pays ainsi qu’à la répression d’État.

En novembre 1972, une loi adoptée par le gouvernement canadien supprime le droit pour les « visiteurs » de demander et d’obtenir sur place un visa de résidence permanente. La loi supprime le statut des Haitien-ne-s installé-e-s au Canada de cette façon. Une masse de personnes est soudainement et arbitrairement menacée de déportation. En 1974, la répression contre les demandeurs d’asile est à son comble : pas moins de 1500 personnes sont menacées de déportation, au risque de leur vie. Plusieurs groupes haïtiens et alliés s’organisent alors contre les déportations lors d’une vaste campagne pour alerter l’opinion publique.

C’est pour défendre les immigrant-e-s haïtien-ne-s menacé-e-s de déportation que le Comité d’action anti-déportation (CAAD) est créé en 1974. Le CAAD rassemble le Comité de défense des droits des travailleurs haïtiens, le Front de libération économique et sociale d’Haïti (FLESH), le Groupe de travailleurs haïtiens (GTH), le Comité patriotique Goman-Acaau, la Maison d’Haïti, l’Organisation révolutionnaire haïtienne d’action patriotique (ORHAP) et le Comité patriotique Zinglin. Le CAAD se porte à la défense des droits des personnes menacées de déportation ; il organise la mobilisation et plusieurs manifestations, et publie aussi un Bulletin qui rend compte de la progression de la lutte. Le CAAD souligne le rôle de l’impérialisme canadien dans la situation haïtienne, alors que le gouvernement soutient la dictature de Duvalier en raison de ses intérêts économiques en Haïti. De plus, le Canada profite de l’immigration haïtienne pour avoir accès à de la main-d’œuvre à bon marché.

Les militant-e-s du CAAD, comme ceux et celles du CDDTH, voient la répression contre l’immigration comme une réponse du gouvernement canadien à la détérioration de la situation économique nationale. Cela est d’autant plus choquant que les actions impérialistes du Canada en Haïti, qui provoquent pauvreté et violence, sont une cause directe de la volonté d’immigrer ; une immigration bienvenue lorsqu’il fallait de la main-d’œuvre corvéable, mais jetable lorsque la production stagne. Ainsi, on voit le Canada inféoder Haïti en s’appuyant sur la dictature pour voler les ressources et mater la contestation, alors que les personnes voulant fuir ce régime sont utilisées comme des travailleur-euse-s d’appoint et méconsidéré-e-s.

Pour les militant-e-s anti-impérialistes, c’est ce même modus operandi que les pays impérialistes appliquent dans les pays dont ils veulent s’approprier les ressources : empiéter sur la souveraineté nationale des États en y instaurant un ordre économique qui favorise indûment les monopoles étrangers avec l’appui du gouvernement local. Cette domination étrangère, qui se fait aux dépens de larges couches du peuple, dégrade la situation économique du pays (chômage, dépossession de la paysannerie et exploitation brutale des travailleur-euse-s) et force nombre de personnes à émigrer. Les importantes vagues migratoires qui en découlent sont ensuite utilisées comme main-d’œuvre corvéable par les gouvernements impérialistes, puis considérées comme un problème en situation de crise économique. Incapables de voir (ou d’avouer) le rôle central qu’ils jouent dans cette situation, les gouvernements cherchent à freiner l’entrée au pays des immigrant-e-s plus pauvres ou moins qualifié-e-s, alimentant par le fait même la xénophobie et le racisme. Dans cette perspective, le CAAD et le CDDTH, en plus de lutter pour les droits des Haïtien-ne-s au Canada, militent pour le renversement de la dictature et l’instauration de la démocratie populaire en Haïti.

C’est cette situation qui est exposée par le CDDTH dans le présent texte, et les moyens – le travail de masse, les alliances et l’unité dans la lutte – pour changer la situation. Cinquante ans plus tard, nous sommes forcé-e-s de constater que l’impérialisme américain, canadien et français en Haïti est encore d’actualité (notamment par le biais du Core Group) et qu’au-delà de leurs discours vertueux, ces pays continuent de tirer avantage d’Haïti et d’empiéter sur sa souveraineté nationale. Cette situation stimule toujours l’exode de la population haïtienne, qui se voit encore, dans une grande proportion, confrontée à de piètres conditions de travail dans les villes du Nord, qu’il s’agisse de Montréal, New York ou Miami.

Image tirée de la brochure Bilan. Sept mois de lutte, publiée par le Comité d’action anti-déportation (CAAD), vers le printemps 1975.

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La lutte des travailleurs haïtiens, avril 1975[2]

LA CONDITION HAÏTIENNE

On est plus de 16 000 Haïtiens au Canada. En quelques années, notre nombre a triplé. L’émigration haïtienne d’abord dirigée vers les îles des Antilles proches a pénétré profondément aux États-Unis et au Canada à partir de 1971. La situation désastreuse[3] dans notre pays force des milliers de travailleurs, de paysans et de petits-bourgeois à s’exiler. Avant les années 1970, c’était surtout la petite bourgeoisie professionnelle, médecins, techniciens, professeurs, etc. : l’exode des cerveaux comme on l’a appelé. Après, ce sont les masses des pauvres ouvriers ou paysans.

Au Canada, la majorité des Haïtiens arrivent ici seuls, laissant leur famille derrière eux et espérant s’installer pour faire un peu d’argent et faire venir la famille. En tant qu’immigrés, en tant qu’Haïtiens et en tant que travailleurs non spécialisés dans leur majorité, ils aboutissent dans les emplois surexploités, dans le textile, la petite industrie manufacturière, les services privés. Ils ne sont pas syndiqués, maltraités par les patrons et les contremaîtres racistes, terrorisés par l’immigration et inconscients de tous leurs droits.

Il y a une autre caractéristique importante des immigrants haïtiens. Contrairement à certains autres groupes ethniques, ils ne sont pas encore établis ici en tant que groupe et concentrés dans une région ou un secteur donné. Il n’y a pas de quartier haïtien. Plusieurs raisons expliquent cela : la durée relativement courte du séjour de plusieurs Haïtiens, la non-stabilisation d’une communauté qui n’est pas encore enracinée, l’affinité de langue avec le peuple québécois qui facilite les contacts et donc limite le besoin de se regrouper entre Haïtiens, etc. Ce facteur nuit au développement d’une solidarité et d’un esprit d’entraide parmi les Haïtiens qui se sentent relativement isolés et éparpillés. À cause de la nouvelle politique de l’immigration, le nombre n’augmente que très peu depuis un an et il y a tendance à moyen terme à la stabilisation. Mais l’immigration haïtienne à Montréal est encore jeune et peu implantée.

UNE ÉMIGRATION POLITIQUE

Alors que l’exode massif des populations des Antilles se poursuit depuis plusieurs années à cause de raisons économiques évidentes, l’émigration haïtienne prend un caractère politique à cause de la nature de la dictature. L’enfer instauré par la dictature a supprimé depuis 1957 avec l’arrivée de Duvalier toutes les libertés démocratiques[4]. La brutalité incroyable de la répression, l’arrestation et la torture de plus de 30 000 prisonniers politiques, l’intimidation et la violence massive ont conduit des milliers de personnes à fuir le pays. Ce facteur donne à la condition haïtienne et aux luttes qu’elle provoque un caractère politique spécifique.

Les conditions subjectives des travailleurs haïtiens sont tout de même marquées par cette situation. L’abolition totale de toute démocratie est la cause principale d’une absence de tradition d’organisation et de solidarité primaires parmi les jeunes immigrants qui ne sont pas habitués à l’idée de regroupement. Il faut donc dans ce contexte faire tout un travail d’éducation et d’explication et leur rendre accessibles un premier sens de la solidarité. Les conditions objectives de leur séjour ici sont des obstacles à ce travail d’éducation et d’apprentissage de la lutte de masse.

LA POLITIQUE CANADIENNE DE L’IMMIGRATION

Le caractère général de cette politique s’identifie aux politiques de tous les pays capitalistes « avancés » et impérialistes :  acquérir une main d’œuvre à bon marché, susciter la division de la classe ouvrière, renforcer leur exploitation des peuples du tiers monde. L’immigration a augmenté considérablement durant les années de « prospérité » relative jusqu’à 1967, avec certaines mesures de libéralisation, comme par exemple l’entrée relativement facile de visiteurs qui pouvaient une fois entrés demander un statut de résidence. Par rapport à Haïti, le Canada est plus directement intéressé à cause de la nature de ses rapports étroits avec la clique duvaliériste. Les capitalistes canadiens y possèdent des intérêts importants, dans les mines et pétroles (Alcan, Wendell Philipps), les banques (Banque Royale, Banque canadienne nationale), les services et la construction (Miron, Sunlife Assurance). Le gouvernement canadien conscient des intérêts à défendre y investit aussi par l’intermédiaire de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), etc.

Avec l’intensification de la crise économique, la bourgeoisie canadienne et l’impérialisme américain tiennent à reporter le poids de ce désastre sur la classe ouvrière et le peuple en général. Au niveau des immigrants, on intensifie leur exploitation ou on les met à la porte parce qu’on n’a « plus besoin d’eux ». Le ministère de l’immigration présente en 1972 une nouvelle règlementation visant à resserrer le contrôle et à réduire le nombre d’immigrants, surtout parmi les travailleurs et les peuples du Tiers monde. Dorénavant, un immigrant n’a plus le droit de déclamer un statut permanent s’il est entré au Canada comme visiteur. Il doit retourner dans son pays, faire une demande en bonne et due forme à l’ambassade et attendre sa réponse. Pour les milliers d’immigrants entrés au Canada, c’était un désastre car il est impensable de retourner en Haïti. De plus, la nouvelle politique de l’immigration prend un fort caractère raciste et anti-peuple. Les critères exigés sont plus élevés pour les peuples du Tiers monde que pour ceux des pays développés, et tous les facteurs (scolarité, relations avec des Canadiens, montant des économies, etc.) sont faits en fonction d’écarter les travailleurs et les paysans des pays pauvres.

Plus de 4 000 Haïtiens, des travailleurs principalement, sont arrivés après 1971, mal renseignés et venant d’un pays où le gouvernement canadien n’avait pas alors de bureau d’immigration. Quinze cents d’entre eux sont arrivés après le 30 novembre 1972. Or la nouvelle loi leur enlève le droit de demander au Canada même un visa de résidence. Quelques centaines d’autres sont arrivés après le 15 août 1973. Or la dernière règlementation (du ministre Andras) leur enlève le droit d’appel contre les décisions des services d’immigration. Depuis cette date, il y a en moyenne dix travailleurs haïtiens par jour qui passent devant le tribunal de l’immigration. Dans neuf cas, l’ordonnance d’expulsion est maintenue.

Entretemps, c’est une véritable chasse à l’Haïtien qui se déroule partout, avec toutes sortes de brimades et d’humiliations contre ces immigrants qui arrivent avec leurs illusions sur le « paradis canadien », trompés souvent par les potentats du gouvernement de « Baby Doc Duvalier » et les requins de certaines agences de voyages. Les Haïtiens subissent depuis le printemps dernier une féroce répression :

  • interrogatoires policiers et détentions arbitraires dès l’arrivée à l’aéroport, enquêtes spéciales ;
  • saisies de passeport et de billet d’avion, demandes de cautionnement ;
  • perquisitions, fouilles brutales dans les appartements, la nuit, sans mandat ;
  • harcèlement et arrestations sur les lieux de travail, pression et chantage pour forcer les Haïtiens à dénoncer les « illégaux » ;
  • obligation de se présenter régulièrement au bureau d’immigration ;
  • traitements humiliants, attitudes racistes, etc.

Toutes ces manœuvres se font d’ailleurs à plusieurs reprises dans l’illégalité complète. On n’attend même pas que les procédures légales soient terminées pour envoyer des avis d’expulsion et harceler les immigrants. Une même offensive est déclenchée en même temps aux États-Unis contre les 250 000 immigrants haïtiens[5], ce qui établit encore plus clairement la nature de classe de ces mesures dans le contexte économique et politique d’une crise généralisée de l’impérialisme américain.

L’ORGANISATION DE LA RÉSISTANCE

La crise majeure que connait la communauté haïtienne de Montréal au printemps 1973 exigeait que les travailleurs s’organisent et résistent. Or il existe dans la communauté haïtienne plusieurs courants politiques qui se réclament de la résistance contre la dictature duvaliériste. Il faut pourtant attendre la venue de nouvelles organisations combatives pour que la lutte s’organise. En mars 1973, sous l’initiative de militants du CDDTH est formé le Comité des travailleurs contre la déportation qui réussit à organiser les premières mobilisations de masse contre la nouvelle politique de l’immigration. La lutte prend un caractère de lutte politique de masse contre le ministère de l’immigration et contre la dictature duvaliériste. C’est notre orientation au CDDTH qui affirme dans sa position de principes que « dans l’immédiat, notre tâche principale est de travailler inlassablement à l’élévation du niveau de conscience politique et idéologique des travailleurs haïtiens, ce qui implique la nécessité de les organiser à partir des problèmes quotidiens et concrets qu’ils affrontent, notamment l’exploitation capitaliste et sur ce terrain, développer leur conscience de classe par une agitation intense et la propagande révolutionnaire ».

Les mobilisations massives du printemps posent les conditions pour l’élargissement de la lutte et des formes d’organisation. Cet élargissement a pour but d’agrandir le front le plus large possible de toutes les organisations et individus sur une plateforme de lutte précise. Cette démarche tranche avec le style de nombreuses initiatives haïtiennes dans le passé où l’accent était mis sur la discussion et le légalisme et non sur la mobilisation de masse. De plus la lutte actuelle est directement liée à la situation en Haïti. Avec la poursuite de l’offensive anti-haïtienne, les conditions de la lutte exigent en septembre 1974 la formation du Comité d’action anti-déportation (CAAD) qui est constitué par une coalition de sept organisations haïtiennes. L’objectif unitaire est simple : faire échec à la politique discriminatoire contre les immigrants haïtiens. À cause du rôle de direction qu’y jouent les militants révolutionnaires, le CAAD prend dès le départ l’allure d’une organisation de lutte de masse à caractère politique progressiste[6]. Les formes de mobilisation sont nombreuses : lignes de piquetage devant la Cour d’appel de l’immigration, conférences et assemblées de masse, manifestations à Montréal et Ottawa, participations à diverses émissions de radio, conférences, débats, soirées de solidarité, etc.

L’aspect politique de la lutte est expliqué par l’analyse de la cause de la maladie qui affecte les immigrants haïtiens : la dictature et la nécessité pour les travailleurs haïtiens de quitter le pays. Le gouvernement canadien, qui prétend être « neutre » et objectif dans l’affaire, qui se « refuse à intervenir dans les affaires intérieures du pays », apparaît alors comme un complice de Baby Doc et des macoutes.

LA LUTTE PAIE !

Le résultat de l’intensification de la mobilisation populaire a permis aux travailleurs haïtiens de resserrer leurs rangs et de faire reculer les politiques racistes du gouvernement canadien. Ainsi plusieurs avis d’expulsion ont été retirés, d’autres immigrants ont pu obtenir le permis de résidence. Mais cette tactique n’est que temporaire et partielle. II est clair que le gouvernement attend un relâchement de l’opinion et de la mobilisation populaire. En effet même si le rythme des expulsions a diminué, les travailleurs haïtiens demeurent toujours dans l’insécurité la plus complète et surtout restent soumis aux vexations racistes de l’immigration. La question demeure donc loin d’être résolue. Les succès partiels doivent nous indiquer de nouvelles pistes pour remporter des victoires encore plus grandes. Nos perspectives de travail doivent s’inscrire dans la poursuite de la mobilisation de masse et l’élargissement du front unitaire. Ce front s’étend à tout ce qui peut être uni contre l’ennemi commun, toutes les organisations anti-impérialistes et nationalistes-bourgeoises. De plus, nous mettons des efforts actuellement à l’élargir aux organisations progressistes et démocratiques québécoises, autant les organisations de lutte comme le Comité de solidarité avec les luttes ouvrières (CSLO) qu’avec les organismes démocratiques comme la Ligue des droits de l’homme, les groupes syndicaux, les personnalités religieuses et démocrates, etc. Cet élargissement du front doit cependant se faire sur une base correcte, et non selon une politique opportuniste comme par exemple l’attitude du PQ qui s’est servi de notre lutte pour dénoncer le gouvernement fédéral et les anglophones alors qu’il savait très bien que l’attitude de Québec dans cette affaire a été particulièrement anti-immigrants et anti-Haïtiens.

Pour nous au CDDTH, il faut résolument appliquer la ligne de masse, mobiliser les travailleurs et le peuple dans l’action, et unir tout ce qui peut être uni. Ceci nous démarque fondamentalement de toute l’opposition bourgeoise anti-duvaliériste de même que des organisations et partis réformistes et révisionnistes qui ont démontré depuis de nombreuses années leur incapacité à diriger correctement les luttes du peuple. Le CDDTH, qui est actuellement une organisation révolutionnaire, tient de cette façon à jouer un rôle dans le processus qui doit aboutir au renversement de la dictature en Haïti[7]. Il conçoit fermement que sans un parti de la classe ouvrière, sans un véritable parti d’avant-garde, il est impossible de libérer les masses laborieuses du joug du féodalisme et du capitalisme. Il faut donc contribuer à édifier ce parti, qui devra être un parti combatif, un parti révolutionnaire assez courageux pour mener à la lutte pour le pouvoir, assez expérimenté pour se reconnaître dans les conditions complexes d’une situation révolutionnaire et assez souple pour contourner les écueils de toutes sortes sur son chemin. Ce parti sera l’œuvre de toute la gauche révolutionnaire orientée dans la lutte acharnée contre le fascisme et l’impérialisme sous la bannière du marxisme-léninisme, de la pensée Mao-Tsétoung, de l’unité et en respectant les étapes de la révolution.

C’est en combinant étroitement la lutte politique de masse à l’édification du parti révolutionnaire que nous réussirons à mobiliser largement les travailleurs haïtiens sous une direction politique juste, à agrandir la solidarité parmi l’ensemble du peuple québécois et à lutter efficacement contre les déportations. De cette façon, nos mots d’ordre prendront une force illimitée et résonneront dans nos manifestations par les milliers de voix qui reprendront ensemble :

TOUS UNIS ET SOLIDAIRES DANS LA LUTTE CONTRE LES DÉPORTATIONS !

SOLIDARITÉ AVEC LES TRAVAILLEURS HAÏTIENS !

TRAVAILLEURS QUÉBÉCOIS, TRAVAILLEURS IMMIGRÉS :

UN MÊME COMBAT !

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Pour en savoir plus l’histoire des Haïtien-ne-s au Québec, on consultera l’ouvrage de Sean Mills, Une place au soleil : Haïti, les Haïtiens et la refondation du Québec, paru chez Mémoire d’Encrier (2016). On lira aussi avec intérêt l’ouvrage d’Yves Engler et Anthony Fenton, Canada in Haiti : Waging War on the Poor Majority qui nous en apprend plus sur le rôle du Canada, des États-Unis et de la France dans la déstabilisation des gouvernements haïtiens au début des années 2000. Enfin, pour suivre les luttes actuelles des Haïtien-ne-s, on s’abonnera à la page du groupe Solidarité Québec-Haïti.


Notes

[1] [Ndlr] « La lutte des travailleurs haïtiens » dans Mobilisation, vol.4, no.7 (avril 1975), pages 8-10.

[2] [Ndlr] Le texte original, ainsi que les notes, sont reproduits tels quels, à l’exception de quelques coquilles typographiques corrigées par nos soins.

[3] Haïti se situe au dernier rang des pays sous-développés selon tous les critères internationalement acceptés : revenu annuel moyen (70 $), taux d’analphabétisme (90 %), taux de chômage (70 %), salaire minimum (1,20 $ pour 10-12 heures de travail), médecin par habitant (1 pour 15 000 dans les villes et 1 pour 100 000 dans les campagnes), structures économique et sociale presqu’inexistantes, etc.

[4]  La « loi anti-communiste » soumet les coupables à la peine de mort. Sont inclus dans les délits « communistes » toutes expressions démocratiques ou contestatrices. C’est le fils de François Duvalier qui a succédé à ce dernier à sa mort en 1971. Le « Baby Doc » tel qu’on l’a surnommé malgré sa faiblesse d’intelligence poursuit la campagne de répression de son père.

[5] Voir à ce sujet le journal anglais The Guardian, édition du 12 février 1975.

[6] Voir le « Dossier de la déportation » du CAAD.

[7] Voir le Bulletin du CDDTH, numéros d’août et d’octobre 1974.

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