LA GUERRE D’ESPAGNE – Partie V. La désintégration de la révolution espagnole (1937-1939)

Dans la partie précédente de notre série sur la guerre d’Espagne, nous avons constaté les tensions qui existaient entre les factions révolutionnaires (anarchistes, communistes antistaliniens et socialistes de gauche) et pro-gouvernementales (communistes staliniens, républicains libéraux et socialistes modérés). Cette division culmine en mai 1937, alors que les deux « factions » républicaines s’affrontent, entraînant la chute du président Largo Caballero (socialiste de gauche) puis l’arrivée au gouvernement du modéré Juan Negrín. Dans ce dernier article, nous aborderons la destruction du Partido Obrero de Unificación Marxista (POUM) orchestrée par le Partido Communista de España (PCE) et le gouvernement républicain durant l’été 1937. Nous verrons ensuite la désintégration du pouvoir révolutionnaire de la Confederación Nacional del Trabajo – Federación Anarquista Ibérica (CNT-FAI) en Catalogne et en Aragon. La destruction de ces deux bastions du pouvoir révolutionnaire en Espagne permet l’instauration d’un pouvoir républicain de plus en plus autoritaire, notamment avec la création du funeste Servicio de Investigación Militar (SIM). Malgré l’affermissement de l’autorité gouvernementale, la militarisation des milices et l’instauration d’un commandement unique, la situation militaire de la République ne s’améliore pas comme escompté. Au contraire, elle devient de plus en plus précaire, entraînant une fuite vers l’avant lors d’une série d’offensives suicidaires et stratégiquement inutiles. Dans ce contexte, la République tombe début avril 1939.

À droite, les bureaux du POUM à Barcelone en 1936. À gauche, des miliciens de la caserne Lénine. Source.

La destruction du POUM

En juin 1937, la situation n’est guère encourageante pour les militant.es du POUM. La propagande du PCE les présente comme les seul.es responsables des débordements de mai 1937 et insiste sur leurs liens avec des espions du camp nationaliste. Le parti antistalinien est associé à un pseudo-complot « trotsko-fasciste » qui menacerait le régime républicain. Les communistes accusent également l’ancien gouvernement de Largo Caballero d’avoir été complaisant à leur égard, tout en félicitant le nouveau gouvernement Negrín pour ses positions anti-POUM qui « prouvent la justesse de leurs accusations[1] ». Dans un contexte de rétablissement de l’ordre par le gouvernement républicain, des milliers de militant.es révolutionnaires sont enfermé.es. En novembre 1937, Solidaridad Obrera, l’organe catalan de la CNT, avance qu’il.les seraient 15 000 détenu.es politiques de gauche, un chiffre difficile à vérifier. Cette offensive gouvernementale contre certaines factions républicaines ne frappe pas seulement les militant.es espagnol.es, mais aussi des membres de partis ou d’organisations internationales venus appuyer la cause antifasciste en Espagne.

La première offensive officielle visant à détruire le POUM est lancée le 16 juin 1937. Les forces policières républicaines s’emparent du siège du parti à Barcelone et arrêtent les membres présent.es. Le même jour, la fameuse 29e division du POUM, dirigée par Josep Rovira, est convoquée à Barcelone pour être immédiatement mise en prison par la police communiste. Une semaine plus tard, un décret gouvernemental rend toutes les activités du parti illégales sur le territoire républicain. Le décret s’accompagne de plusieurs clauses permettant au gouvernement central de réprimer les oppositions de gauche. Julián Gorkin, un militant du POUM, explique :

Son caractère dictatorial ou, si l’on préfère exécutif, sautait donc aux yeux. Le décret établissait en outre les types de délits suivants : le fait « d’accomplir des actes hostiles envers la République, à l’intérieur ou hors du territoire national » ; le fait « de défendre ou de propager des nouvelles ou d’émettre des jugements défavorables au développement des opérations militaires ou au crédit et à l’autorité de la République » ; les « actes ou manifestations tendant à la déstabilisation de la morale publique, à la démoralisation de l’Armée ou à la sape de la discipline collective ». Les peines prévues allaient de six mois de prison ferme à la peine de mort. […] Mais le plus grave, c’était le caractère rétroactif du décret.[2]

Les attaques de la République espagnole contre le POUM entraînent la sympathie des libertaires envers ce dernier. Le sort du dirigeant poumiste Andreu Nin attire particulièrement l’attention alors qu’il est porté disparu. De nombreuses rumeurs circulent à l’effet qu’il est torturé illégalement par des membres du NKVD[3] (police secrète soviétique) afin de le forcer à avouer sa pseudo-collaboration avec les forces franquistes. Pour défier le pouvoir républicain, plusieurs graffitis apparaissent dans les villes espagnoles demandant « Où est Nin ? ».

Malgré que la répression commence en juin 1937, les procès des militant.es du POUM ne s’ouvrent qu’en octobre 1938. Les nombreux reports s’expliquent par les débats pour savoir quel code – civil ou militaire – s’appliquera pour juger les poumistes, ainsi que par une campagne menée en Europe et en Amérique par les IIe (socialiste) et IVe (trotskyste) Internationales ouvrières en faveur d’un procès juste, équitable et ouvert. À cela s’ajoute la difficulté de recruter des avocats compétents, régulièrement visés par des menaces anonymes et qui fuient à l’étranger pour leur propre sécurité. Les procès se tiennent finalement en présence de la presse étrangère, du 11 au 22 octobre 1938. Le verdict est rendu le 2 novembre : les charges d’espionnage et de désertion ayant été abandonnées faute de preuve, seuls les poumistes ayant directement participé aux affrontements de mai 1937 sont emprisonnés, mais aucun n’est condamné à mort. Au sujet de la 29e division, le verdict les excuse pratiquement : « Au contraire, ils ont montré par leurs actes qu’ils ont tous une orientation clairement antifasciste, qu’ils ont contribué à la lutte contre le soulèvement militaire et que leurs agissements répondaient au seul but de dépasser la République démocratique et d’instaurer leurs propres conceptions sociales. »[4] Malgré tout, plusieurs observateurs considèrent ces procès comme iniques. Le ministre de l’Éducation communiste de l’époque, Jesús Hernández, écrit après son renvoi du parti en 1944 : « Le procès […] fut une farce grossière s’appuyant sur des documents falsifiés et des déclarations arrachées à de misérables espions de Franco auxquels on avait promis la vie sauve (ils étaient quand même fusillés après) s’ils déclaraient avoir été en contact avec les hommes du POUM. »[5]

L’élimination tragique du POUM a paradoxalement mené à sa renommée future. Ainsi, le POUM jouit toujours d’une aura favorable de parti dévoué et « pur », par exemple dans les récits de George Orwell. Le sort du parti est pourtant « réglé » par son interdiction en juin 1937, les communistes staliniens ayant réussi à rayer de la carte l’opposition antistalinienne.

À gauche, l’écrivain et journaliste Ernest Hemingway et le réalisateur Joris Ivens pendant le tournage du film Terre d’Espagne en 1937. Le film est disponible en libre accès ici. À droite, des membres de la Croix Rouge espagnole au travail, en 1938. Source.

La désintégration du pouvoir révolutionnaire

Comme nous l’avons vu, les attaques des forces gouvernementales contre les comités révolutionnaires, mis sur pied par la CNT-FAI et le POUM à l’été 1936, et les affrontements de mai 1937, ont ébranlé la révolution espagnole. Ce processus s’accentue avec la prise du pouvoir par Negrín en juin 1937. Son ascension politique augmente l’influence du Partit Socialista Unificat de Catalunya (PSUC) en Catalogne, fédéré au PCE à l’échelle nationale. Les attaques deviennent plus fréquentes et vicieuses contre la CNT-FAI et ses réalisations révolutionnaires. Lors d’un discours prononcé le 1er juin 1937, le dirigeant du PSUC, Joan Comorera, condamne vertement « les collectivisations forcées dans les campagnes et à la ville » et accuse la CNT de les avoir implantées par une « politique sinistre employant la coercition, les violences et parfois les assassinats »[6]. Il condamne aussi les attaques des forces cénétistes contre la petite-bourgeoisie, démontrant ainsi le virage modéré et étapiste des communistes alignés sur Moscou.

La CNT-FAI perd le contrôle de nombreux villages catalans suite à un décret du 15 mai 1937 interdisant les comités révolutionnaires qui refusent de former des conseils municipaux traditionnels. Ces attaques contre divers groupes révolutionnaires mènent à la dissolution des milices libertaires de la frontière pyrénéenne par le gouvernement régional catalan, la Generalitat, le 2 juin 1937. Le gouvernement poursuit sa politique centralisatrice et dissout également les Patrullas de Control, les forces policières cénétistes, le 4 juin. Elles sont remplacées par un corps policier unique contrôlé par les autorités « légalement constituées ».Fin juin 1937, le président catalan, Luis Companys de l’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), entame des démarches pour former un nouveau gouvernement qui doit remplacer celui qui avait été mis en place suite aux événements de mai 1937. Dans sa proposition finale, Companys retire un poste ministériel à la CNT-FAI, qui tomberait à deux portefeuilles contre trois pour les deux autres partis politiques influents en Catalogne (PSUC et ERC). La direction cénétiste, croyant avoir autant d’influence qu’avant mai 1937, menace de ne pas participer au gouvernement si elle n’a pas un nombre égal de portefeuilles que ses partis rivaux. Cette stratégie fait plutôt le bonheur du président catalan qui en profite pour former un gouvernement excluant les libertaires.

La chute du pouvoir militaire et politique anarchiste accentue les tensions au sein de la confédération, notamment entre les partisans de la collaboration gouvernementale et ceux défendant le maintien d’une politique révolutionnaire via les comités ouvriers. Ces conflits internes se manifestent par une publication des maximalistes réunis au sein des Amigos de Durruti, qui accuse la direction cénétiste d’avoir « trahi la révolution et la classe ouvrière par [son] incompétence et [sa] lâcheté »[7]. Les comités régionaux de la CNT répliquent en expulsant les dissident.es et en dénonçant cette campagne contre les dirigeant.es comme des « calomnies gravissimes ». Les ailes jeunesse de Barcelone et de la Catalogne refusent catégoriquement de signer la déclaration démonisant les factions anarchistes plus radicales qui critiquent la voie conciliatrice empruntée par l’organisation confédérale. À Barcelone, le syndicaliste révolutionnaire français Robert Louzon témoigne de la perte d’enthousiasme du prolétariat catalan pour la cause révolutionnaire. Il écrit :

Durant les premiers mois de la révolution, tout Barcelone était rempli d’ouvriers en armes ; par la suite, cela se tassa et on ne vit plus en armes que ceux chargés d’une fonction, mais c’étaient toujours des ouvriers. Aujourd’hui (sauf peut-être dans certains quartiers exclusivement ouvriers, et encore, je ne peux l’assurer) on ne voit plus un seul ouvrier en armes : uniquement des gardes d’assaut, des gardes d’assaut avec le fusil, des gardes d’assaut à tous les coins de rue, comme aux plus beaux jours de la dictature bourgeoise. […]

En outre, fait plus frappant encore : le rouge et le noir ont presque totalement disparu. Avant mai, chacun se faisait honneur d’arborer les couleurs de la CNT. […] Aujourd’hui, par contre, rares sont ceux qui ont le courage de porter l’insigne de la CNT : en dehors des bâtiments des syndicats, on ne voit nulle part pendre le drapeau rouge et noir ; et quant aux foulards et casquettes, ce qui était le plus répandu, car, après tout, ce n’était qu’une affirmation de « sympathie », on n’en voit plus du tout.[8]

L’habillement ouvrier qui avait fait la renommée de la Barcelone révolutionnaire disparaît graduellement pour être remplacé par une esthétique bourgeoise ou petite-bourgeoise incarnée par le port du costard cravate. Le bastion anarchiste catalan n’est plus que l’ombre de lui-même.

En Aragon, les collectivisations agricoles ont longtemps représenté un autre symbole important de la révolution espagnole. Une fois le pouvoir anarchiste catalan réduit à néant, le gouvernement républicain et le PCE se tournent contre le dernier comité révolutionnaire de grande envergure, soit le Conseil d’Aragon. Mis sur pied à Caspe en septembre 1936 pour diriger et coordonner la révolution dans la région indépendamment du pouvoir républicain, le Conseil était dirigé par le célèbre anarchiste Joaquín Ascaso, fervent partisan des insurrections spontanées de 1933 et membre des Grupos de Defensa ayant organisé ces soulèvements. Uniquement composé de membres de la CNT-FAI au départ, l’organe révolutionnaire accepte d’intégrer d’autres organisations républicaines en échange d’une reconnaissance gouvernementale du Conseil en octobre 1936. Les cénétistes conservent néanmoins les postes clés, leur laissant de facto le pouvoir dans la région. L’histoire officielle du PCE présente ainsi la situation :

Les véritables maîtres de l’Aragon étaient les anarchistes qui, avec l’aide des milices confédérales catalanes, avaient instauré dans cette région une dictature anarchiste. […] La collectivisation forcée instituée par les anarchistes en Aragon, le pillage, le crime et le désordre qui s’étaient emparés de cette région, provoquèrent une inquiétude et un mécontentement profonds chez les travailleurs. Pour les faire taire et donner de la respectabilité à leur domination, sans recourir à l’étiquette « abominable » de gouvernement, les leaders de la FAI imaginèrent le Conseil régional d’Aragon, et créèrent un appareil bureaucratique et policier pour maintenir leur autorité.[9]

Ces critiques acerbes des communistes contre leurs rivaux anarchistes ne sont pas totalement infondées, quoiqu’exagérées. En fait, une telle situation a pu exister avant l’instauration du Conseil avec certains « leaders militaires » libertaires qui ont profité de leur statut pour enrichir leur unité. L’organe révolutionnaire a d’ailleurs dû agir pour mettre fin aux saisies incontrôlées de nourriture et d’animaux en forçant les chefs des colonnes à perquisitionner seulement avec son aval.

Des actions militaires sont organisées contre le Conseil dès le début du mois d’août, avant sa dissolution par décret le 11 août 1937. Au sujet de l’opération, le commandant communiste Enrique Líster, écrit : « Le Conseil d’Aragon, détesté par le peuple, s’effondra sans qu’un coup de feu soit tiré. Et le lendemain, le 11 août, lorsque le décret de dissolution parut dans la Gazeta, le Conseil n’existait déjà plus. »[10] L’histoire officielle du PCE ajoute que le peuple aurait célébré avec joie la chute du « Conseil dictatorial ». Cependant, ce récit affirmant que l’opération aurait libéré le peuple de « l’oppression anarchiste » est contredit par le discours du commandant anarchiste de la 26e division, Ricardo Sanz. Celui-ci affirme que la division de Líster a assiégé les bâtiments officiels de Caspe avant d’arrêter la majorité des employé.es présent.es. Par la suite, les paysan.nes participant au régime collectif auraient été dépouillé.es « de tout ce qu’ils ont – bêtes de somme, vivres, équipements, bâtiments. En même temps commencent la grande répression et les persécutions contre les membres de ces collectivités. »[11] La résistance anarchiste à la dissolution du Conseil est peu consistante, malgré la dureté des mesures prises par les autorités. La menace d’un soulèvement est bien réelle alors que trois des cinq divisions présentes sur le front de l’Aragon sont dirigées par des libertaires. Le comité péninsulaire de la FAI déclare que l’opération militaire de la 11e division est une manœuvre des communistes du PCE pour pousser les libertaires à l’insurrection, ce qui justifierait une « répression de grande ampleur »[12]. Cependant, l’organisation anarchiste se targue de ne pas avoir mordu à l’hameçon, vantant « l’attitude à la fois sereine et énergique de [ses] organismes responsables [pour éviter] que le désastre ne se produise »[13]. Manuel Almudí, membre communiste du Conseil affirme pour sa part que Líster « aurait pu agir avec plus de discrétion, sa conduite suscitant beaucoup de ressentiment »[14], mais que celui-ci « n’avait pas tué beaucoup de monde »[15] lors de son opération. Le commandant communiste a vraisemblablement démantelé le pouvoir révolutionnaire de la région avec force, sans pour autant verser dans la terreur contre-révolutionnaire décriée par les organes de la CNT-FAI.

Au niveau du gouvernement national, le président Negrín réussit à calmer les représentant.es libertaires cherchant à concilier leurs intérêts avec ceux de la République. Il leur promet de libérer les prisonnier.ères et d’inspecter lui-même l’opération sur le front d’Aragon, où il ne se rendra finalement pas. Sous prétexte de maintenir une unité républicaine, la direction cénétiste perd, encore une fois, un élément important de son organisation révolutionnaire sans offrir de résistance digne de ce nom. Peu de temps après la dissolution, le gouvernement nomme l’ancien membre du Conseil pour l’Izquierda Republicana (IR), José Ignacio Mantecón, gouverneur général de la région d’Aragon, rétablissant ainsi l’autorité gouvernementale.

Économiquement, les conséquences de la dissolution sont désastreuses pour les collectivités agricoles puisque la plupart des outils et des terres sont restitués aux anciens propriétaires. La majeure partie des bâtiments construits par les collectifs sont détruits. Quelque 600 membres de la CNT-FAI sont emprisonné.es pour avoir résisté. Les fermier.ères et les petit.es propriétaires qui avaient participé aux collectivités avec réticence se retournent contre celles-ci. Parfois, des violences sont perpétrées contre ceux et celles qui défendent toujours le mode de vie collectif. Le retour drastique à la propriété privée entraîne la réapparition d’une main-d’œuvre agricole salariée dans les campagnes aragonaises. Cependant, peu de gens ayant vécu l’expérience collectiviste sont prêts à se soumettre de nouveau à des patrons petits-bourgeois. La majorité des collectivistes fuient la région par peur de la répression. Seul.es les plus convaincu.es restent en Aragon pour défendre leur idéal. L’enthousiasme des premiers mois est loin, alors que le nombre de délégué.es présent.es au congrès des collectivistes aragonais chute de moitié entre l’hiver et l’été 1937.

Une fois la dissolution du Conseil et la destruction des collectivités agricoles complétée, le gouvernement central libère au compte-gouttes les prisonnier.ères à la demande de la direction cénétiste. Ses objectifs atteints, l’État accède à cette demande pour éviter d’exacerber l’antagonisme avec sa base militante. Celle-ci, de plus en plus désillusionnée, diminue ses efforts tant à l’arrière qu’au front. Conscient de l’impact psychologique de son opération, le gouvernement réautorise des collectivités formées volontairement, mais cela s’avère bien insuffisant. Plusieurs, dont Josep Peirats[16], attribuent la conquête de la région aragonaise par les nationalistes en mars 1938 aux effets démoralisateurs occasionnés par la destruction des collectivités et la dissolution du Conseil à l’été 1937.

À gauche, une affiche de 1937 produite par le Conseil d’Aragon. On y lit : « Le fainéant est un fasciste ». Au centre, une affiche produite en 1937 qui appelle a se méfier d’une « cinquième colonne » prête à trahir la révolution, au moment où le camp républicain subit plusieurs défaites. À droite, une affiche produite par le Comité national CNT-AIT. On y lit : « C’est ainsi que vivent nos frères sous l’empire fasciste ». Sources : I, II, III.

La République centralisatrice de Negrín

À la suite de la répression anti-poumiste et anti-anarchiste, le gouvernement de Negrín, appuyé par le PCE et les forces libérales, devient de plus en plus autoritaire. Premièrement, la réorganisation et la consolidation des services d’espionnage autour du SIM en août 1937 entraînent une augmentation de la répression : toute forme de critique contre la gestion gouvernementale est assimilée à la trahison. Le colonel Pérez Salas écrit au sujet de la nouvelle organisation d’intelligence :

[Elle trahissait] monstrueusement sa mission, possédait un réseau d’agents secrets chargés d’espionner tous ceux qui se permettaient de dire du mal du déroulement de la guerre ou de la personne du président du Conseil. Ils étaient arrêtés en tant qu’adversaires du régime. La critique sérieuse, qui était souvent constructive et même nécessaire, était absolument interdite et les libertés civiques, avec les restrictions de rigueur en temps de guerre, étaient abolies.[17]

Les agents du SIM ont parfois recours à la torture pour faire signer des aveux « préécrits »[18]. Les nombreux témoignages concernant la brutalité employée par le régime républicain ont pour effet de créer une légende noire autour de celui-ci. Les méthodes du SIM sont notamment associées à celles du NKVD. L’influence accrue du PCE au sein de l’Armée populaire alimente également les spéculations concernant la mainmise communiste sur le SIM. En fait, ce service d’espionnage est principalement composé de socialistes qui obéissent au ministère de la Guerre, lui aussi dirigé par le Partido Socialista Obrera Español (PSOE).

Deuxièmement, le gouvernement républicain s’attaque aux nationalismes régionaux, affirmant sa ligne centralisatrice. En novembre 1937, le siège du gouvernement espagnol est une fois encore déplacé, cette fois à Barcelone, provoquant une nouvelle perte d’autonomie pour la Catalogne. Selon le conseiller à la Culture de la Generalitat, Carles Pi i Sunyer, les « excès du SIM », le « nombre croissant de peines de mort », le nombre de « crimes incontrôlés » perpétrés par le gouvernement et une « politique délibérée de centralisation progressive »[19] sont à la source d’une dégradation des relations entre le gouvernement central espagnol et le gouvernement régional catalan. Pareillement, les nationalistes basques sont indisposés par l’affirmation du centralisme, notamment par l’entremise du SIM. La centralisation des industries de guerre, jusqu’alors gérée par les gouvernements régionaux autonomes, exacerbe le conflit. Ces tensions avec les partis nationalistes aboutissent à une démission en bloc des représentants catalans et basques du gouvernement le 11 août 1938. En réaction, Negrín remplace les deux ministres démissionnaires par un membre du PSUC pour conserver une représentation catalane et un autre d’un parti basque n’ayant aucune force ou représentation électorale significative. Les régionalismes ne pèsent dorénavant plus au gouvernement.

De gauche à droite : adieu aux brigades internationales, le 16 octobre 1938 ; infirmerie de fortune dans un train lors de la bataille de l’Èbre en août 1938 ; une famille de réfugiés sur la route entre Tarragone et Barcelone, en janvier 1939. Source.

La situation militaire de la République

La professionnalisation des milices et la centralisation du commandement devaient entraîner des victoires militaires pour la République. Dans les faits, la situation sur le champ de bataille devient de plus en plus incertaine à la suite de nombreuses opérations ratées ayant coûté des milliers de vies. L’année 1937 est marquée par la conquête du Pays basque et du Nord par les forces nationalistes (fascistes), qui laissent ces zones être ravagées par la « Légion Condor » composée d’aviateurs nazis. L’état-major républicain tente en vain d’organiser des opérations de diversion sur le front du Centre et celui d’Aragon. Encore une fois, ces opérations entraînent de lourdes pertes humaines et en matériel, dramatiques alors que le soutien logistique de l’Union soviétique s’amoindrit plus le conflit avance. Les dirigeants soviétiques constatent que leur stratégie de former une alliance anti-fasciste avec la France et le Royaume-Uni ne mène nulle part, ce qui explique leur désengagement progressif du conflit espagnol. À partir de décembre 1937, les livraisons de matériel chutent de 50 % par rapport aux niveaux de novembre 1936. Entre décembre 1938 et février 1939, la République ne reçoit que trois pièces d’artillerie, 2 772 mitrailleuses et 35 000 fusils – une quantité risible en regard de ses besoins. À la fin de l’année 1937, l’avantage militaire appartient aux forces nationalistes, dorénavant égales aux forces républicaines en nombre d’hommes et supérieures en termes d’équipement.

L’état-major républicain tire peu d’enseignements de ses récentes défaites. Une autre offensive suicidaire est lancée en décembre 1937 pour reprendre la ville de Teruel (entre Valence et Saragosse). Pas moins de 60 000 combattants républicains périssent dans cette campagne conclue en février 1938. La contre-offensive nationaliste s’organise rapidement et ouvre la voie à une victoire totale des troupes franquistes en Aragon en mars 1938. Les fascistes atteignent même la ville côtière de Vinaròs, près de l’estuaire de l’Èbre, coupant ainsi la Catalogne du reste la zone républicaine. Le commandement républicain organise une riposte à l’été 1938 afin de reconquérir la rive occidentale de l’Èbre dans le but de relier à nouveau la zone enclavée. Les troupes républicaines réussissent à traverser le fleuve, mais n’arrivent qu’à maintenir une frêle tête de pont qui tombe après quelques semaines. Les pertes républicaines sont énormes sur le plan humain et matériel, ce qui renforce l’avantage des nationalistes. Les responsables de l’Armée populaire, incapables d’auto-critique, s’enfoncent au contraire dans une campagne de propagande qui célèbre la moindre victoire territoriale, aussi peu stratégique soit-elle. L’historien militaire Anthony Beevor critique ainsi l’organisation de l’offensive de l’Èbre :

Il en fut de même de la mauvaise conception du plan. Attaquer un secteur si proche du gros de l’armée de manœuvre nationaliste signifiait que l’ennemi pouvait facilement contre-attaquer ; choisir de combattre avec un grand fleuve immédiatement derrière votre ligne de front quand l’adversaire jouissait d’une supériorité aérienne écrasante était imbécile ; refuser de se retirer au bout d’une semaine quand il était clair que vous n’aviez aucune chance d’atteindre votre objectif ne pouvait déboucher que sur le sacrifice inutile d’une armée qui ne pouvait être remplacée. Cela dépassait la simple stupidité militaire ; il s’agissait là des effets trompeurs de la propagande.[20]

Le retrait définitif des brigades internationales – il ne restait que 7 102 brigadistes sur les 42 000 déployé.es durant le conflit – le 21 septembre 1938 rend la situation militaire républicaine encore plus difficile. La stratégie républicaine consiste alors à tenter de convaincre, encore une fois, la France et le Royaume-Uni d’intervenir en sa faveur, mais en vain. Il existe à ce moment une croyance tenace, mais infondée, comme quoi l’invasion de la Catalogne entraînerait une réaction française, soucieuse de sa sécurité nationale. Ces illusions n’ont d’équivalent que la désespérance et l’amertume de plus en plus marquée des troupes. Ralph Bates, militant communiste et commissaire adjoint de la 15e brigade internationale, témoigne : « En étouffant la révolution en Espagne au nom de la sécurité collective, nous avons fait un mauvais calcul. Je suis obligé de le reconnaître. Toute cette modération ne nous a pas permis de gagner [la France et le Royaume-Uni] à notre cause. Aurions-nous obtenu davantage de la CNT et de la FAI si nous ne nous étions pas modérés à ce point ? »[21]

Les forces nationalistes sont désormais en mesure d’organiser leur offensive finale, qui commence le 23 décembre 1938. L’espoir des dirigeants républicains de voir une résistance héroïque à Barcelone, comme cela avait été le cas à Madrid en novembre 1936, ne se concrétise pas. L’effervescence révolutionnaire des premiers mois du conflit a fait long feu. La perte des zones agricoles de l’Aragon et de la Catalogne impose aux troupes et à la population des privations matérielles importantes qui contribuent à la démoralisation générale. La situation est telle que les citadin.es de Barcelone se mettent à élever des animaux sur leurs balcons dans une tentative désespérée de nourrir leurs familles. Dès la fin janvier 1939, la région catalane est pratiquement sous le contrôle des nationalistes qui ont déjà fait 23 000 prisonnier.ères, 5 000 mort.es et 40 000 blessé.es. La perte de cette région prive la République de 50 % de son territoire. La seule zone d’importance qui reste sous contrôle républicain est celle entourant Madrid. Sans espoir de triompher, la ville se vide, alors que plus de 500 000 personnes (soldats, vieillard.es, femmes et enfants) se dirigent vers la France. Le 5 février 1939, la frontière est finalement ouverte pour permettre aux nombreux.euses réfugié.es républicain.es de passer au nord des Pyrénées. Cette population immigrante contribuera à créer une culture révolutionnaire dans le Sud de la France, qui dynamisera notamment la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.

Réfugiés traversant la frontière française. Source.

La déroute des communistes (1938-1939)

Avec la désintégration du pouvoir révolutionnaire et l’accumulation des défaites militaires, le ressentiment grandit à l’égard du gouvernement Negrín et des communistes qui l’appuient. La mortifère politique de résistance à outrance frustre la population, complètement épuisée par deux années de guerre. Plusieurs militant.es révolutionnaires se sentent coincé.es entre une République autoritaire dirigée par les socialistes modérés avec l’appui du PCE et l’armée fasciste de Franco. Il.les jugent de plus en plus la lutte comme perdue. Ralph Bates décrit ce désarroi :

Imaginez l’amertume [des anarcho-syndicalistes], maintenant que tous leurs sacrifices révolutionnaires, toutes leurs concessions au PC, toute leur détestation des petits-bourgeois qui réprimèrent leur armée, comme ils appelaient leurs milices, supprimèrent leurs comités d’usine, quand tout cela ne permit pas d’obtenir l’assentiment des Français et des Britanniques, quand pour finir, l’analyse du Komintern s’avéra inexacte. […] Je crains que le Parti, et avec lui l’avenir, n’aient été terriblement compromis par tout ce qui s’est passé. J’ai parlé avec de nombreux socialistes espagnols, par exemple. Ils vouent tous une haine éternelle au PC. C’est une catastrophe. […] Je suis sûr que vous n’avez pas idée de la haine violente que vouent toutes les strates politiques des travailleurs espagnols au Parti.[22]

Cette opposition croissante au gouvernement et aux communistes mène à un rapprochement entre le colonel républicain Segismundo Casado et le commandant libertaire Cipriano Mera, auxquels s’ajoute Julián Besteiro, membre critique des politiques négrinistes au sein du Partido Socialista Obrero Español (PSOE). Ils jugent que la politique de résistance défendue par les communistes empêche un possible règlement « honorable » du conflit. Ces opposants préparent alors un coup d’État contre le gouvernement Negrín afin de faciliter les négociations de paix avec Franco. Ce dernier exige pour sa part une capitulation inconditionnelle depuis janvier 1939. En février, Casado établit un contact avec les nationalistes afin de négocier une reddition respectable et clémente, mais sans obtenir de garanties de Franco, toujours méprisant et intraitable. Le « caudillo » adopte d’ailleurs la Loi sur les responsabilités politiques le 13 février, qui prévoie la condamnation de tous ceux ayant contribué par « leur action ou leur grave négligence à fomenter la subversion » et qui ont « entravé le triomphe providentiel et historiquement inéluctable du Mouvement national »[23].

Étrangement, Casado et ses nouveaux alliés politiques réalisent tout de même leur coup d’État contre les négrinistes et les communistes. L’insurrection est lancée le 5 mars 1939 à Madrid et débouche sur la création d’une junte, nommée Conseil national de défense. Après minuit, ses dirigeants s’adressent à la population par l’entremise d’un communiqué diffusé à la radio. On peut y entendre un discours employant encore, paradoxalement, la rhétorique révolutionnaire :

Travailleurs espagnols. Peuple antifasciste ! […] En tant que révolutionnaires, en tant que prolétaires, en tant qu’Espagnols et en tant qu’antifascistes, nous ne pouvons pas continuer à accepter docilement l’imprévision, le manque d’orientations, le défaut d’organisation et l’inaction absurde dont fait preuve le gouvernement du docteur Negrín. […] On ne peut tolérer que pendant que le peuple lutte, combat et meurt, quelques privilégiés se préparent à vivre à l’étranger. C’est pour empêcher cela, […] pour éviter la désertion au moment le plus critique, que se constitue le Conseil national de défense. […] Constitutionnellement, le gouvernement du docteur Negrín n’a pas de base juridique sur laquelle appuyer son mandat. […] Dans ces conditions, […] nous affirmons notre propre autorité de défenseurs authentiques et sincères du peuple espagnol, d’hommes disposés à offrir leur propre vie comme garantie pour que leur destin soit celui de tous et que nul n’échappe aux devoirs sacrés qui incombent également à tous.[24]

La direction du PCE prend la fuite vers la côte méditerranéenne dans la nuit du 6 mars. Quelques communistes madrilènes appellent à résister à la junte, mais leur situation est désespérée. L’influence du mouvement communiste sur les opérations s’effondre définitivement.

Le coup d’État n’infléchit pas la position de Franco qui cherche toujours à écraser ses ennemis. Pendant ce temps, la junte rend illégal le PCE et exige le retrait des étoiles rouges sur l’uniforme de l’Armée populaire. À partir de mars 1939, la majorité des unités républicaines en poste Madrid fuit vers la côte sud-est pour s’embarquer sur des navires quittant l’Espagne. Le 28 mars, l’ancienne capitale espagnole tombe aux mains des troupes fascistes et le 1er avril, le « caudillo » annonce sa victoire totale dans un communiqué. Huit mois après la fin des combats, le régime franquiste a déjà mis sous les barreaux 270 000 républicain.es. C’est le début de son expédition punitive contre « l’Espagne rouge ». Les tribunaux fascistes prononceront plus de 50 000 peines de mort, dont plus de la moitié seront appliquées. Le régime dictatorial de Franco poursuit sa campagne de terreur dans l’indifférence, alors que les puissances soi-disant démocratiques occidentales régularisent peu à peu leurs relations avec l’Espagne fasciste. Après la Seconde Guerre mondiale, dans le contexte de la Guerre froide, l’Espagne franquiste rejoint objectivement le camp des nations capitalistes. Il faudra attendre les années 1970 et une nouvelle vague d’insurrections populaires pour que la dictature chute enfin, en 1976, un an après la mort du général.

À gauche, bombardier allemand atterrissant près de Séville. À droite, des enfants nationalistes déterrent des monuments protégés dans le sable après la prise de Madrid en 1939. Source.

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Dans le cadre de cette série sur la guerre d’Espagne, nous avons offert un panorama des faits et des enjeux ayant structuré ce célèbre conflit, avec une attention particulière pour les forces en présence du côté républicain entre 1936 et 1939. L’objectif était de mettre en valeur les qualités comme les limites de chaque organisation ayant participé à la révolution espagnole. Au terme de cette enquête, il est possible de constater la force qu’un front antifasciste peut représenter, comme ce fut le cas en Espagne durant plus de deux ans. Cependant, la diversité idéologique, parfois contradictoire, de cette alliance républicaine a aussi fini par entraîner sa chute. La stratégie de la CNT, d’abord très populaire et mettant en place des avancées révolutionnaires motivantes, a fini par pécher par aplaventrisme face aux forces modérées, entraînant à terme la démobilisation de sa base militante. On peut donc dire que l’alliance ponctuelle, si elle est avantageuse, peut mener à l’autodestruction d’une ligne politique lorsque celle-ci abandonne la direction de son propre mouvement. C’est ce qui est arrivé aux forces anarchistes à partir de l’été 1937. Au niveau militaire, dans sa volonté d’instaurer immédiatement une totale démocratie, et malgré l’effet galvanisant de cette proposition, la CNT a parfois perdu de vue l’importance d’une prise de décision expéditive en situation de combat. Cette attitude a joué en défaveur de la révolution lors de différentes opérations.

La stratégie communiste de consolider une République démocratique et bourgeoise pour favoriser le rapprochement entre l’Espagne et les « démocraties » occidentales dans une lutte commune contre le fascisme n’a pas non plus réussi. Avec l’aide de l’Union soviétique et grâce à l’efficacité de ses unités, les communistes du PCE ont acquis une popularité croissante parmi les factions modérées du camp républicain et au sein du gouvernement. Dans cette veine, la constitution d’une véritable armée régulière et l’instauration d’une autorité gouvernementale centrale ont mené la République à diverses victoires. Malheureusement, la volonté trop marquée des communistes d’imposer une unité idéologique et organisationnelle a paradoxalement mené à la défection des troupes libertaires, entraînant à terme la défaite collective. Il faut aussi noter que le PCE est soumis aux directives de Moscou par l’entremise du Komintern, l’obligeant parfois à mettre de côté les objectifs de la Révolution espagnole aux dépens des intérêts de l’Union Soviétique : c’est ce qu’on voit alors qu’au nom de la stratégie de la « sécurité collective », le PCE s’oppose aux transformations révolutionnaires trop rapides. Cet élément pose la question des alliances internationales entre grandes puissances et mouvements nationaux. De manière générale, on peut dire que la CNT a été trop complaisante, menant à sa perte de leadership, alors que le PCE a été trop intransigeant, menant à son isolement. Bien sûr, les échecs militaires de 1938-1939 ont exacerbé les tensions, jusqu’au coup d’État de mars 1939. Il ne faut pas négliger ce type de pression dans des décisions qui peuvent sembler a posteriori douteuses.

Plus largement, il est essentiel de retenir la manière dont la révolution espagnole a permis la mise en place de structures autogérées, ainsi que de très pertinentes collectivisations. Cette participation du peuple à la révolution via l’abolition de la propriété privée a été un facteur essentiel de mobilisation, et son ressac après 1937 a découragé nombre de militant.es. Cette organisation, rappelant les soviets et les conseils ouvriers, a malheureusement été mal canalisée dans la constitution de la République et dans la professionnalisation de l’armée, notamment sous l’impulsion du PCE. Il sera important de réfléchir à l’articulation entre initiatives révolutionnaires, mobilisations locales, organisation sociale et militaire, unité d’action et socialisme démocratique, pour ne pas reproduire les apories du passé.

La cause républicaine a attiré la sympathie de la plupart des organisations révolutionnaires, tant à l’époque qu’aujourd’hui. Elle incarne une révolution digne, brisée manu militari par le fascisme, avec la complaisance des puissances capitalistes. L’intervention de l’Union soviétique, pour sa part, s’est montrée insuffisante pour contrecarrer l’appui substantiel du fascisme international aux franquistes. Malgré une vague de solidarité internationale, la cause révolutionnaire n’a pas été en mesure de maintenir sa force et son influence en Espagne. Cette série d’articles, hommage aux nombreux.euses combattant.es ayant contribué à la révolution espagnole, se veut aussi un outil de réflexion pour les révolutionnaires d’aujourd’hui. Fort de ces acquis, à nous de tracer les chemins de la victoire.


Notes

[1] Frente Rojo, 25 juin 1937.

[2] Gorkin, Julián (1974). « El proceso de Moscú en Barcelona : El sacrificio de Andrés Nin ». Éditions Ayma, pp. 157-158.

[3] Narodniï komissariat vnoutrennikh diel, Commissariat du peuple aux Affaires intérieures.

[4] Cité dans Bolloten, Burnett (1991), trad. 2014. « La guerre d’Espagne. Révolution et contre-révolution (1934-1939) ». Éditions Agone, p. 693.

[5] Hernández, Jesús (1953). « Yo fui un ministro de Stalin ». Editorial America, p. 127.

[6] Treball, 2 juin 1937.

[7] El Amigo del Pueblo, sans date (vraisemblablement mi-mai 1937).

[8] Le Libertaire, 17 juin 1937.

[9] Cité dans Bolloten, p. 699.

[10] Líster, Enrique (1966). « Nuestra guerra : Aportaciones para una historia de la guerra nacional revolucionaria del pueblo español, 1936-1939 ». Librairie du Globe, p. 155.

[11] Sanz, Ricardo (1969). « Los que fuimos a Madrid : Columna Durruti 26 Division ». Éditions Dulaurier, p. 154.

[12] Bolloten, p. 703.

[13] Bolloten, p. 703.

[14] Bolloten, p. 702.

[15] Bolloten, p. 703.

[16] Peirats, Josep (1964), trad. 1989. « Les anarchistes espagnols : révolution de 1936 et luttes de toujours ». Repères Silena.

[17] Pérez Salas, Jesús (1947). « Guerra en España, 1936-1939 ». Imprenta Grafos, p. 199.

[18] Godicheau, François (octobre-décembre 2002). Mouvement Social, no 201. « La légende noire du Service d’information militaire de la République dans la guerre civile espagnole, et l’idée de contrôle politique », pp. 29-52, p. 34.

[19] Pi i Sunyer, Carles (1975). « La república y la guerra : Memorias de un político catalan ». Éditions Oasis, pp. 461, 479-480.

[20] Beevor, Anthony (2006). « La guerre d’Espagne ». Éditions Calmann-Lévy, p. 493.

[21] Cité dans Bolloten, p. 854.

[22] Cité dans Bolloten, p. 874.

[23] Cité dans Bolloten, p. 902.

[24] El Socialista, « Manifesto a los trabajadores y al pueblo antifascista », 1re page, 7 mars 1939.

1 réflexion sur « LA GUERRE D’ESPAGNE – Partie V. La désintégration de la révolution espagnole (1937-1939) »

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