Alexandra Kollontaï, née Domontovitch, (1872-1952) est une figure de proue de la révolution russe et du féminisme marxiste. Au sein du Conseil des commissaires du peuple, elle devient la première femme de l’histoire contemporaine à faire partie d’un gouvernement et à diriger un ministère. En 1919, elle crée avec Inessa Armand, le « Jenotdel » qui cherche à améliorer concrètement les conditions de vie des femmes d’URSS ; ce sont plus de 620 000 femmes qui s’impliqueront dans les instances de l’organisation. Ces rencontres seront le lieu d’intenses discussions sur l’éducation et la participation des femmes au travail, mais aussi sur la contraception, l’avortement et l’amour. Kollontaï est particulièrement connue pour sa critique du mariage bourgeois auquel elle oppose la notion d’amour-camaraderie, une forme d’amour libre politisé qui prend en compte les aspects psychologiques du patriarcat.

Ce livre présente d’abord l’autobiographie de Kollontaï à partir de l’édition allemande de 1926 et de l’édition anglaise de 1972, accompagnée des variantes aux manuscrits. Puis, on retrouve le roman Les Amours des abeilles travailleuses que la militante soviétique publie en 1923. Le roman se déroule tout de suite après la révolution jusqu’aux premières années de la nouvelle politique économique (la NEP). On y suit les péripéties de Vassilissa Malyguina, une ouvrière et militante bolchévique, qui tombe amoureuse du fougueux Vladimir, un anarchiste qui a côtoyé le IWW aux États-Unis avant de revenir vivre la révolution russe. Narré dans un style réaliste simple et conventionnel, le texte trouve surtout sa force en dépeignant les difficultés qu’entraine cette relation pour Vassilissa, en particulier par la charge mentale qu’elle entraîne et par l’entrave qu’elle en vient à constituer dans son développement autant personnel que politique.